Le réseau BALLE

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    BALLE : 30 000 entrepreneurs indépendants lancent la révolution tranquille des économies locales durables

    Depuis des années, la société et l’économie nord-américaines sont malmenées. Cette crise n’est pas seulement économique, c’est aussi une crise du fonctionnement démocratique et, plus profondément, une crise des valeurs partagées : le « rêve américain » bat de l’aile. Dans ce contexte, de multiples initiatives voient le jour pour changer la donne. Le réseau BALLE en est une, particulièrement dynamique et novatrice.

    « L’Alliance d’entreprises pour des économies locales vivantes » (Business Alliance for Living Local Economies, ou BALLE) a été montée il y a 10 ans par Judy Wicks, fondatrice du White Dog Café, un restaurant bio et locavore de Philadelphie, et Laury Hammel, créateur à Boston des clubs de sport Longfellow et pionnier de la Responsabilité Sociale des Entreprises. Le réseau rassemble aujourd’hui 30 000 entrepreneurs indépendants – américains et canadiens – autour de deux idées maîtresses : « Nos entreprises indépendantes sont solidaires de la communauté locale dans laquelle elles naissent et se développent » et « Rien de durable ne peut être fait tout seul ». Ces entrepreneurs d’un nouveau genre militent pour une économie vraiment soutenable. Ils travaillent ensemble et avec des investisseurs publics et privés locaux dans plus de 80 réseaux, généralement à l’échelle de la ville ou du comté. Ils se préoccupent de la santé, de la prospérité et du bien-être des entreprises et des habitants de leur communauté. Tous les secteurs d’activité (commerce, agriculture et nourriture, éco-construction, énergies renouvelables, déchets, industrie, services, transports verts, santé, communication et médias, etc.) sont concernés.

    « Il est difficile pour des entreprises de se remettre spontanément et profondément en cause, constate Michelle Long, directrice de BALLE. On en voit souvent qui tentent de se lancer dans une démarche de développement soutenable mais ne font qu’ajouter un peu de recyclage à la routine habituelle ; elles ne parviennent pas à aller plus loin ». Alors, comment faire? BALLE leur propose un espace collaboratif, loin de la pression concurrentielle du système dominant. Les entrepreneurs peuvent en toute sécurité y tester des fonctionnements alternatifs. Le réseau s’attache donc à nourrir ces espaces où entrepreneurs, investisseurs et responsables publics se retrouvent pour répondre aux défis économiques, sociaux et environnementaux auxquels leur communauté est confrontée.

    Acquérir le réflexe local

    Dès ses débuts, BALLE a mis en valeur les idées de réciprocité et de solidarité locale. Les entrepreneurs indépendants travaillent à améliorer le bien-être de leur communauté qui, en retour, s’approvisionnera d’abord auprès de ces commerces et entreprises. C’est le sens des campagnes « Think Local First » (Pensez d’abord local), qui, année après année, développent la prise de conscience des consommateurs. Les chiffres montrent que cela fonctionne. Bien sûr, tout n’est pas toujours disponible localement à un prix intéressant, mais l’important est d’acquérir le réflexe, de se poser la question : « Puis-je trouver une offre locale qui me convienne avant d’aller dans une grande surface ou sur internet ? ».

    Au niveau national, BALLE connecte les leaders locaux entre eux, leur évitant de devoir réinventer la roue. Il diffuse les solutions qui marchent et crée des outils d’analyse de la situation économique locale ainsi que des kits d’animation et d’information. Ses membres mettent en commun leurs expériences lors de la grande conférence annuelle, de sessions de formation et de wébinaires thématiques. Et puis le réseau participe à des campagnes collectives de lobbying auprès de Washington : cette année, Michael Shuman est parvenu par exemple à mobiliser plusieurs élus démocrates et républicains pour obtenir la légalisation du crowdfunding, permettant enfin aux PME de faire appel à l’épargne publique .

    Depuis deux ans, le réseau s’est donné deux nouvelles priorités. La première est alimentée par les scandales financiers qui ont déconsidéré les grandes banques et par la raréfaction consécutive du crédit au PME et aux ménages : il s’agit de réorienter les investisseurs échaudés par Wall Street vers les économies locales et d’aider les réseaux locaux à sensibiliser les investisseurs, banquiers et fondations de leur territoire à ce nouveau réflexe éthique et durable. La seconde est de favoriser le développement de l’entrepreneuriat indépendant dans les quartiers pauvres.

    Des quartiers sinistrés de Détroit aux orangers de Floride, de l’Alberta enneigé aux plages d’Hawaii et des maisons coloniales de Boston jusqu’aux gratte-ciels de Vancouver, un nouveau rêve partagé est en train de naître, tranquillement mais résolument.

    Raphaël Souchier

    Lire l’interview de Michael Schuman, économiste et fondateur de Balle

    En savoir plus sur le site de BALLE

    5 Commentaires

    1. BALLE poursuit son développement sur le continent nord-américain: le mouvement compte désormais près de 65000 entreprises dans une centaine de villes, ce qui représente environ 1 million d’emplois. Et les idées localistes rencontrent un écho croissant dans la population et les médias. Bien que de façon moins massive, en France également des citoyens, entrepreneurs locaux et collectivités commencent à redécouvrir la force et l’urgence de prendre en main ensemble leur propre avenir en devenant plus solidaires et créatifs… sans attendre que d’autres le fassent à leur place. Penser global, agir local, ça marche 🙂

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