Crise sanitaire : élan solidaire pour les étudiants précaires

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    Affaiblis par la crise sanitaire, les jeunes sont plus exposés à la précarité financière et à la souffrance morale. Des actions et des mouvements solidaires se développent pour leur venir en aide. Grands chefs, restaurants, associations, producteurs et citoyens permettent à des jeunes en situation précaire de se nourrir gratuitement, de soulager leur porte-monnaie et leur moral, à l’instar de l’association Lieu’topie et du restaurant Les grandes tables de la comédie à Clermont-Ferrand. Reportage.

    Tupperware en main et sourires apparents même masqués, les étudiants attendent dehors devant les locaux de Lieu’topie avant de rentrer par petits groupes. Les mercredi 6 et jeudi 7 avril derniers, la distribution de repas gratuits préparés par des chefs cuisiniers ravissent quelques 300 jeunes clermontois. Alice, étudiante en 2ème année de langues, patiente avec son ami et en salive déjà : « Ça n’enlèvera pas la précarité dans laquelle nous vivons bien sûr, mais un bon repas de temps en temps, comme prétexte pour nous retrouver qu’est-ce que ça fait du bien ! On ne s’imagine pas assez à quel point un repas, un soutien, une aide peut apporter à notre moral ».

    Après quelques minutes d’attente les portes s’ouvrent pour Alice et son ami. L’odeur des bons repas familiaux font frémir les papilles, la musique fait timidement bouger pieds et épaules, tandis qu’au fond de la pièce de vie de Lieu’Topie, derrière un buffet mêlant endives, saucissons, tartes salées, salades, pommes de terre et desserts, les bénévoles accueillent avec joie et bonne humeur les jeunes en difficultés. Timothée, salarié de l’association sert généreusement les étudiants jusqu’à n’en plus pouvoir fermer leur contenant. « Je ne pense pas qu’on change des vies, on ne le fait pas assez régulièrement pour ça, mais on change leur quotidien, on donne un petit plaisir. Pour des étudiants qui ne peuvent pas forcement trop dépenser, ici on leur donne la possibilité d’avoir un très bon repas », soutient-il.

    Des mercis et des sourires

    L’association clermontoise dédiée aux étudiants est à sa 5ème édition de la grande bouff’solidaire commencée en décembre 2020. Elle a la volonté de réitérer cette action de plus en plus régulièrement, jusqu’à une fois par semaine. Lieu’topie s’occupe de la distribution et de la communication de ce mouvement solidaire mais beaucoup de maillons composent la chaîne. Les repas ont été préparés par le restaurant Les grandes tables de la comédie.

    De 9h du matin à 15h ce mercredi, Romaric, Tristan, Antoine et Houari se sont activés en cuisine, dirigés par le chef Fréderic Coursol pour préparer le futur repas des 300 étudiants. « On est normalement en chômage partiel donc ça fait vraiment plaisir de retrouver les fourneaux. Encore plus pour cette cause », expliquent-ils entre deux blagues. S’ils peuvent cuisiner sans avoir besoin de faire payer leur prestation, c’est également grâce à de nombreux fournisseurs et producteurs qui leur donnent des invendus à l’image du lycée Sidoine Apollinaire qui leur a offert leur surplus de nourriture causé par la fermeture des cantines.

    Le travail main dans la main entre producteurs et cuisiniers permet ainsi à ce restaurant d’offrir régulièrement des plats pour diverses causes. Ils nourrissent actuellement le collectif « Culture en danger » qui occupe le théâtre de Clermont-Ferrand normalement fermé. « Voir les yeux qui pétillent avec des mercis et des sourires, montrent que la restauration est utile, et vectrice de bonheur. Et puis apporter un peu d’humain, de contact pendant quelques instants lors de la distribution alors que finalement se voir, se parler, se toucher est ce qu’il nous manque le plus aujourd’hui, ça fait vraiment du bien », souligne le chef cuisinier des Grandes tables de la comédie.

    Une mobilisation nationale

    Depuis un an les actions en faveur des étudiants comme la grande bouff’solidaire se sont multipliées partout en France, avec la mise en lumière de la précarité étudiante qui s’est intensifiée mais qui existe depuis toujours. Avant même la crise sanitaire, selon la FAGE (fédération des associations générales étudiantes) il était estimé que 20% des étudiants, soit 540 000 personnes vivaient en de dessous du seuil de pauvreté. Alors avec le ralentissement de l’économie, la fermeture des commerces et la diminution de travail disponible pour eux, la situation s’est aggravée. 74% des jeunes interrogés par l’IPSOS à la sortie du premier confinement ont estimé avoir des difficultés financières.

    Aujourd’hui ce sont des restaurants, des associations, des grandes entreprises, des citoyens et beaucoup d’autres qui se mobilisent pour leur venir en aide. À l’image d’une coiffeuse qui une fois par semaine se déplace à Lieu’topie faire des coupes étudiantes au prix symbolique de 1€ ou encore du restaurant La Table au Plafond qui en l’espace de trois semaines avait récolté 4000€ de donations et permis en mars dernier, de distribuer dans les universités des centaines de repas : « On ne pensait pas recevoir autant d’engouement et autant de générosité. Une donatrice nous a même offert 1000€ à elle seule. Cela nous a permis de préparer des repas mais également de transmettre le reste de notre cagnotte à une association étudiante », souligne avec entrain Ugo Cadez co-directeur du restaurant.

    Les grands oubliés

    L’opération « Restaurons les étudiant.e.s durablement » lancée le 1er mars réunit restaurateurs, grands chefs, bénévoles, donateurs et grandes firmes. Elle est représentative de la vague de soutien qui englobe tous secteurs d’activités, tous types de participants, tous types d’actions. Le site Le Bon coin leur permet aussi la distribution par exemple de 7500 repas tandis que SNCF Immobilier finance 650 repas hebdomadaires.

    Boris, étudiant depuis 3 ans, est témoin de cette mise en lumière. « Nous avions l’impression d’être les grands oubliés, il y a quand même des étudiants qui mettent fin à leurs jours à cause de leur précarité. C’est important de se sentir soutenu par tous, de voir que notre détresse est entendue. Il faut maintenant que ça continue même une fois la crise sanitaire terminée mais surtout que le gouvernement nous écoute et nous aide de façon significative à son tour », conclut-il.

    Pour aller plus loin et soutenir les étudiants précaires :

    Spoon of love

    Restaurons les étudiant.e.s durablement

    banque alimentaire  

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