Dépoussiérer la consigne avec Jean Bouteille

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    3 questions à… Gérard Bellet, concepteur de Jean Bouteille.

    Après avoir été abandonnée dans les années 1970, la consigne de bouteilles en verre revient sur le devant de la scène en France avec le concept original de Jean Bouteille, qui utilise les principes de l’économie circulaire pour remettre à la mode cette pratique écologique et économique.

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    La consigne a disparu en France car son coût était devenu trop élevé. Comment envisagez‐vous de remettre en place cette pratique ?

    La consigne classique consiste à renvoyer la bouteille chez le producteur qui va la laver, la remplir et la renvoyer de nouveau dans les magasins. En France, dans les années 1970, au fur et à mesure que les petites usines ont fermé, la consigne a disparu, car les distances entre les magasins et les usines avaient trop augmenté. La consigne n’avait plus de sens, elle était même un frein au développement de l’entreprise. Par contre, si les bouteilles circulent sur de courtes distances, les flux logistiques ne coûtent pas très cher. J’ai décidé de réintroduire la consigne en circuit court en faisant en sorte que la bouteille soit remplie dans le magasin et non en usine : mon projet­-pilote est accueilli par une Biocoop de Villeneuve­-d’Ascq (59) qui propose huile, vin, et vinaigre en vrac – et bientôt peut­-être bière, soda, limonade et jus de fruit. J’ai installé une laveuse dans le centre d’insertion Les Papillons Blancs à Lomme. J’essaie de faire la plus petite boucle possible !

    Quels sont les avantages de ce concept ?

    J’associe la méthode de vente en vrac à la bouteille consignée. Le magasin achète de l’huile, du vinaigre, du vin, etc. dans de grands contenants, qu’il branche à une embouteilleuse, puis le client remplit sa bouteille et l’étiquette. Ainsi, le magasin achète moins cher ses produits. Il va donc pouvoir les vendre moins cher tout en finançant le lavage des bouteilles qui va se faire dans un rayon de 50 kilomètres. La chaîne logistique s’en trouve simplifiée : la bouteille n’a plus à retourner chez le producteur. Par ailleurs, les études montrent qu’il est bénéfique pour l’environnement de laver des bouteilles plutôt que de les recycler : on consomme moins d’eau à laver une bouteille qu’à en fabriquer une.

    Quel est votre modèle économique ?

    Il faut que le lavage ait lieu le plus près possible du lieu d’achat du produit. Je facture une prestation au magasin pour le lavage, la logistique et la mise à disposition d’un parc de bouteilles. Cette prestation représente environ 10 % du prix de vente du produit. Le magasin va réussir à vendre ses produits entre 5 et 15 % moins chers que ceux déjà conditionnés. Il faut réfléchir en amont avec le magasin aux produits et aux marques qu’il peut distribuer en vrac. La construction de ce processus est complexe, car c’est une vraie innovation de marché.

    J’ai commencé à travailler avec le bio, car cette filière recherche une cohérence. J’ai un retour très positif des producteurs, des distributeurs et des consommateurs. Aujourd’hui, Jean Bouteille est présent dans deux magasins, à Villeneuve-­d’Ascq et à Bruxelles. Je voudrais équiper une quinzaine de magasins à Lille, ce qui générerait un flux suffisant de bouteilles pour couvrir mes frais et embaucher. Avec notre petite laveuse, nous pouvons laver jusqu’à 1 000 bouteilles par jour. Il faudrait idéalement arriver à laver entre 15 000 et 20 000 bouteilles par mois, ce qui représenterait la consommation de 7 000 à 10 000 foyers. Mais j’ai confiance, car les consommateurs adhèrent au concept : dans le magasin ­pilote, j’ai réalisé 20 % des ventes d’huile et de vin, alors que j’ai beaucoup moins de références que les rayons en question !

    Jean Bouteille est actuellement en phase de développement : vous pouvez les aider à installer de nouvelles laveuses de bouteilles dans d’autres régions (peut­-être la vôtre ?) en soutenant leur campagne de financement participatif.

    2 Commentaires

    1. Bonjour

      J’envisage le même genre d’activité, et j’aurai aimé échanger avec vous, peut être pour installer une « franchise »/filiale/établissement dans ma région.

      Recontactez moi si cela vous intéresse.

    2. Relancer la consigne est pour moi une très bonne chose. Je voyage de temps en temps en Allemagne où celle-ci n’a jamais disparu, bien au contraire. Je trouve très positif de vouloir remettre cela en place en France et je ne suis pas surprise que ce soit un magasin Biocoop qui ait soutenu cette initiative !
      Merci

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