Comment différencier la Bio du bio industriel ?

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    Depuis quelques années, la perspective de créer une filière agro-alimentaire durable fait débat. Si la voie des produits biologiques semble la plus adaptée, toutes les filières bio ne se valent pas. Alors que la Bio se définit comme un projet global, le bio industriel tente de s’emparer du marché. Enquête.

    « Le modèle de la grande distribution est incompatible avec la Bio », revendique Claude Gruffat, dans son ouvrage Les dessous de l’alimentation Bio (La mer salée, 2017). Pourtant, le bio de la grande distribution détient 55 % de parts de marché, contre 28 % pour les filières spécialisées (La Vie claire, Biocoop, Les Nouveaux Robinsons, etc.) et 11 % pour les circuits courts (AMAP et vente directe)1. Dans ce contexte dominé par les plus grands, de plus en plus de voix s’élèvent chez les petits producteurs, militants et consommateurs pour dénoncer les industriels qui se lancent dans la vente de produits biologiques, au détriment des valeurs paysannes (respect de la nature, solidarité entre producteurs, autonomie alimentaire, diversité des cultures et des élevages, etc.).

    Même si l’enseigne Carrefour affiche sa volonté de créer « Le Bio… pour tous ! » et la filiale Auchan celle de « rendre le bio accessible à tout un chacun », les professionnels engagés critiquent le manque de cohérence entre le bio industriel et ses critères sociaux et environnementaux. « La grande distribution achète des produits qui ont fait le tour du monde pour arriver dans l’assiette du consommateur Français. Ce n’est pas cohérent sur un plan environnemental, mais aussi social, parce qu’en général c’est fait sur le dos de gens qui sont payés moins de 2 euros par jour à l’autre bout de la planète », explique le directeur de Biocoop, Claude Gruffat. En proposant des tomates et des fraises en hiver dans les grandes surfaces, la grande distribution répond davantage à une demande, plutôt qu’à des critères éthiques. De plus, le label bio européen a assoupli ses critères depuis sa création en 1999, en autorisant notamment 0,9 % d’OGM dans les produits bio, des traitements médicamenteux (trois par an maximum pour les poules pondeuses par exemple), et la mixité – bio et non bio – des exploitations2.

    « Aujourd’hui, une ferme de 1000 vaches en bio, c’est possible », s’alarme le directeur de la coopérative Norabio dans les Hauts-de-France. Si les nouveaux industriels du bio s’arrêtent aux normes fixées par le cahier des charges européen, des projets de très grande envergure en bio, peu soucieux des normes environnementales et sociales, pourraient en effet voir le jour. Les défenseurs de l’agriculture paysanne et locale s’inquiètent ainsi de voir, à terme, les procédés de l’agriculture conventionnelle appliqués au bio, avec la mécanisation accrue de la production et la pression de la grande distribution pour la standardisation des produits3. « Les progrès technologiques et industriels vont de pair avec soit une baisse des qualités gustatives des aliments, soit une standardisation-homogénéisation des produits, soit encore la disparition, la raréfaction ou le remplacement par des substituts industriels des produits artisanaux (fromages, charcuteries, pain, etc.) », analysait déjà Jean-Pierre Corbeau, professeur de sociologie à l’Université François Rabelais de Tours au XVIIe congrès de l’AISLF (Association Internationale des Sociologues de Langue Française) en 2004.

    Bio industriel
    © FNAB

    La guerre des prix

    « Le rôle du distributeur a un effet extrêmement important sur le mode de production », souligne Claude Gruffat. En effet, dans l’ouvrage Les coulisses de la grande distribution (Albin Michel, 2000), Christian Jacquiau affirme que 97 % des produits alimentaires passent par cinq réseaux de distribution : Carrefour-Promodès, Lucie (centrale d’achat commune à Leclerc et à Système U), Opéra (centrale d’achats regroupant Casino-Cora, mais aussi Franprix, Leader Price, Monoprix-Prisunic), Auchan et Intermarché. Leur position dominante leur permet de négocier des prix à la baisse. Les producteurs, soumis à cette pression, industrialisent leurs méthodes de production pour d’accroître leurs rendements afin de faire des économies d’échelle (voir Kaizen 6).

    Selon les études de l’Agence Bio, en 2020 « plus de 9 Français sur 10 déclarent avoir consommé des produits biologiques, 13% en consomment même tous les jours »4. La grande distribution saisit ainsi un marché en pleine croissance, mais n’est pas préparée à cette demande car les surfaces agricoles manquent (9,5% de la surface agricole utile est consacrée l’agriculture biologique). Alors, au lieu de construire petit à petit des partenariats avec les filières françaises, elles importent des produits de l’étranger. La grande distribution construit donc un bio « qui vient d’ailleurs » selon les mots de Mathieu Lancry, directeur de Norabio.

    Stéphanie Pageot, présidente de la Fédération Nationale d’Agriculture Biologique (FNAB) rappelle que « de nouveaux acteurs arrivent et sont tentés de s’engager dans une guerre des prix. Mais il faut qu’ils fassent la guerre du prix le plus juste, pas celle du prix le plus bas ! » Faire appel à des travailleurs à l’étranger permet de baisser le prix des produits bio. Comment déterminer alors un prix juste ? En suivant les principes du commerce équitable et de l’économie sociale et solidaire, selon les acteurs de la Bio. Ainsi, la marque “Ensemble pour plus de sens”, créée en 2000, rebaptisée depuis “Ensemble, solidaire avec les producteurs”, privilégie l’adaptation aux conditions de production pour ajuster les tarifs : « Chaque année, en fonction des aléas climatiques et des rendements obtenus, les prix des produits peuvent varier à l’intérieur d’une fourchette. Ils sont garantis par contrat sur trois ans avec un plancher et un plafond », explique François Péloquin, agriculteur bio et gérant du GIE (Groupement d’intérêt économique) Ferme de Chassagne, en Charentes.

    « Il faut recréer du lien entre les différents acteurs », ajoute Stéphanie Pageot. Décidés à réagir, les différents acteurs de la Bio se regroupent de plus en plus pour anticiper la concurrence des filières industrielles. « Il y a un risque qu’ils fassent pression sur les prix. C’est pour cela que nous devons organiser les filières : gérer la surproduction et s’organiser avec les distributeurs », explique le directeur de la coopérative Norabio située à Gondecourt, qui regroupe 140 producteurs de fruits, légumes et céréales Bio.

    Bio industriel
    © FNAB

    La Bio défend un projet politique, économique et social

    À la différence du bio industriel, la Bio entend ainsi respecter la terre, son rythme et ses saisons tout en garantissant une justice sociale pour les travailleurs, mais aussi créer une plus grande autonomie alimentaire et permettre l’accès à une nourriture de meilleure qualité. C’est pour être fidèle à ces principes que certaines filières spécialisées (Les Nouveaux Robinsons, Biocoop…) s’engagent à ne pas laisser, par exemple, de trace d’OGM dans les produits bio, ou à limiter le transport par avion.

    Toujours dans la perspective de renforcer les critères de la Bio, la FNAB a créé en 2010 un nouveau cahier des charges français, Bio Cohérence (ses produits sont disponibles dans les magasins bio engagés et chez certains producteurs) qui s’ajoute à la réglementation européenne et renforce ses critères : il garantit ainsi une nourriture 100 % bio, cultures et élevages confondus, interdit les OGM ainsi que l’élevage hors-sol, et privilégie la vente directe. Il s’ajoute à la liste des cahiers des charges privés comme celui de l’association Nature & Progrès, ou de Demeter pour l’agriculture biodynamique.

    « La vigilance du consommateur, c’est d’imposer et de demander que les valeurs qui encadrent la Bio, telles qu’on les a connues dans les réseaux spécialisés jusqu’à maintenant, soient aussi conservées par la grande distribution », préconise Claude Gruffat. Si aujourd’hui les filières internationales n’ont pas pris plus d’ampleur, c’est grâce au consommateur, qui privilégie à 71 % les produits français, selon l’Agence Bio. « La concurrence internationale reste cependant forte. Nous avons tiré la sonnette d’alarme dans les années 1990 et, les consommateurs ont commencé à boycotter les produits venus de Chine, des pays de l’Est ou du Canada », rappelle François Péloquin, agriculteur bio en Charente.

    Il s’agit donc de garder l’esprit critique, en choisissant des produits de saison, bio et locaux. En espérant qu’ « avec les consommateurs, les petits ruisseaux feront les grandes rivières », conclut Claude Gruffat.

    1 Chiffres de l’Agence Bio, 2021

    2 « Le bio s’use-t-il ? Analyse du débat autour de la conventionalisation du label bio », Geneviève Teil, p.102-118, 2012.

    3 « Les évolutions des exploitations agricoles bio », Denise Van Dam et Jean Nizet, Économie rurale, 2014. 

    4 Voir les études de l’Agence Bio.

     

    Par Léa Dang

    Mis à jour le 14/02/2022


    Pour en savoir plus :

    Cahier des charges Bio Cohérence


    Écouter aussi : Acheter local, bio et de saison : un acte politique

    Écouter aussi : Demain, quelle agriculture ?

    20 Commentaires

    1. Bonjour,
      Je trouve votre article très intéressant, à l’heure le terme bio est galvaudé, a des fins commerciales, il est très utile de signaler les différences entre bio et Bio.
      La démarche écologique, sociale, est un engagement bien plus global qu’une étiquette bio.
      Emmanuelle

    2. Il faut faire évoluer les labels bio ou en créer un autre qui intègre des critères plus contraignants en terme de circuit court, d’éthique, et de techniques de production.
      c’est indispensable pour que les consommateurs s’y retrouve sans être bernés.
      attention tout de même à ne pas multiplier les labels, plus il y en a, moins on sait ce que l’on achète.

    3. Merci pour cet article!
      Seul regret, qu’il n’aborde pas les différences de normes bio selon les pays / continents, et l’aspect valeur nutritive. Peut être pour un prochain article? 🙂

    4. Votre article et les arguments utilisés, pertinents à mon avis, sont à charge de la grande distribution, qu’elle soit bio ou non d’ailleurs.
      Cependant, je fais partie des gens qui se réjouissent que la grande distribution propose enfin du bio, même si les conditions ne sont pas parfaites. Le bio ne serait plus un marché « de niche » réservé à ceux qui ont le temps et les moyens de ne pas grouper leurs achats, quelle horreur !
      Enfin, il faut être réaliste, si la grande distribution ne se met pas massivement au bio, notre monde continuera à être infestée de pesticides pour longtemps encore. Il faut donc, à mon avis, encourager la démarche bio des grandes surfaces tout en étant vigilant sur la provenance des produits (vœux pieu ?).

    5. Bonjour,
      Le Bio ne peut etre une fin en soi.
      Plusieurs aspects sont a prendre en consideration et le premier et majeur est de remettre au centre du dispositif de l alimentation le producteur.
      Laisser aux distributeurs le monopole ne changera rien.
      Je suis d accord sur un commentaire, il faut voir les aspects qualitatifs des produits et leurs apports en nutriments.
      Il faut regarder aussi ce que signifie le Bio aujourd hui, la France et l Europe devrait elaborer un cahier des charges et donner le label Bio certifié et équitable qui repondent a nos standards.
      Ensuite je prefere manger des produits de qualité de l agriculture raisonnée de proximité que du bio qui n en a que le nom.
      Bref, soit on change de modele soit on va tous en crever.

    6. Au printemps 1982 le représentant de chez Bjorg (marque à l’audience confidentielle) est sorti de la Boutique écologique, premier magasin bio avec pignon sur rue ouvert en France cherchant à démocratiser le bio à Tourcoing-Roubaix et environs pour aller sur ordre de son patron présenter sa gamme à la Centrale d’achat Auchan.

      L’évolution des points de vente encore petits et peu nombreux était déjà en gestation en 2017 et les supermarchés bio hors succursales de grands groupes ont du mouron bio ou non à se faire ….. et de l’imagination à mettre en œuvre avec l’aide de leurs clients et petits producteurs « locaux »actionnaires ou non.

    7. Correctif :

       » … était déjà en gestation et en 2017 les supermarchés bio hors succursales de grands groupes …. »

    8. de plus la bio des grande surface n’est pas moins chère que celle des coopérative c’est un leurre, si vous comparez bien les prix, vous vous rendez compte que parfois c’est même plus cher en grande surface et pour ce qui concerne les produits frais tres souvent on ne sait pas si dans les pays d’ou ils viennent les regles de la « bio » , le mieux c’est d’acheter local … la bio finalement on fini par perdre confiance mais ce n’est pas réservé aux riches encore une idée car il y a plein de produits qu’on ne consomme plus et au final on fait plutot des économies !!!

    9. Article intéressant mais un peu partial par moment. Je m’explique :

      Comment peut-on, par exemple, citer l’ouvrage « Les coulisses de la grande distribution » alors que le dit ouvrage a… 17 ans !

      Comment peut-on imposer le circuit court comme l’alpha et l’omega de la solution, quand les 3/4 des Français habitent en ville (selon les données de l’Insee publiées en juin dernier) ?

      Je tenais au peu de chose près le même discours que cet article il y a 6 ou 7 ans, avant de m’apercevoir qu’il existait un sectarisme (oui, un sectarisme) chez certaines lobbyistes du bio, du manger mieux, bon, sans chimie, etc.

      Si le but est louable et souhaitable, qui a fait avancer ces sujets ces 5 dernières années ? Ne vous en déplaise, ce sont les acteurs de la distribution qui ont pris conscience que le système (qu’ils avaient mis en place, certes, dans un contexte historique différent) n’était plus valable.

      Prenez un réseau comme Biocoop (où je fais mes courses plusieurs fois par semaine). C’est 400 magasins de moyenne surface, 25 ouvertures par an, vs. environ 11 000 hypers/supers/hard-discounter (selon Wikipedia), allant de la très grande surface au petit supermarché de proximité. Si je fais un ratio rapide (et sans doute pas tout à fait exact compte-tenu notamment des disparités sur les surfaces des magasins), Biocoop représenterait 3% des magasins « d’alimentation » en France.

      Comment voulez-vous, dès lors, généraliser un modèle comme Biocoop à toute la France, pour tous les Français ? C’est tout simplement impossible, du moins à moyen terme (votre article rappelle d’ailleurs que les surfaces agricoles bio manquent, 4 % d’entre elles seulement sont consacrées au bio en France).

      Quelle est la trajectoire alors ? Quelle stratégie mettre en place pour peser sur les moteurs du secteur, à savoir la grande distribution ?

      A mon humble avis, si chacun était prêt à faire un pas vers l’autre, petit à petit, les choses peuvent changer, dans le bon sens.

      Prenez par exemple le dernier coup marketing de Carrefour avec sa campagne des semences interdites. Cette campagne m’a interloqué, et quand j’ai parcouru les réseaux sociaux et blogs pro-bio-local-paysan, j’y ai vu beaucoup de dénigrement : « salauds de distributeurs », « les produits issus de ces semences paysannes qu’ils vendaient devaient forcément avoir poussé à coup de pesticides », qu’ils « étranglaient les producteurs », etc…

      J’ai vu également des partages d’un article intitulé « stop-intox », contre la campagne de Carrefour, le dit article émanant d’un copié/collé d’un communiqué du GNIS… c’est à dire ceux qui tiennent les semences du catalogue (et qui rassemblent les gros industriels des semences, au rang desquels Monsanto, Syngenta & co)… cocasse que des anti-OGM partagent la littérature des chantres des OGM contre les semences paysannes…

      Qui a pris le temps d’en savoir en peu plus ? Et que découvre t-on quand on s’informe (c’est à dire quand on prend le temps de lire au-delà d’un titre ou du partage d’un post qu’on n’a pas pris le temps de lire) ? Que les paysans avec lesquels travaille Carrefour ont imposé (ce sont les paysans qui le disent) leur prix, qu’ils ont obtenu un contrat de 5 ans pendant lesquels Carrefour s’est engagé à acheter à un prix fixé par les paysans, leur production. Que les produits en question étaient cultivés de manière biologique (selon la méthode de LA bio).

      J’ai lu également des personnes qui étaient outrés d’une « récupération » par Carrefour du combat de Kokopelli. A ma connaissance, Kokopelli a perdu son procès (entre autres contre le GNIS auquel j’ai fait référence plus haut) au terme d’une procédure longue (2008-2012), dans une indifférence quasi générale. Est-ce que ce procès a fait bouger les lignes de façon sensible ? Je ne crois pas.

      Là où je veux en venir, c’est que grâce aux combats menés depuis plusieurs décennies, le vent tourne, plutôt en faveur de ce que nous défendons. Et qu’il est parfois (si ce n’est souvent) nécessaire de travailler avec les « gros » pour faire bouger les choses.

      Qu’en est-il du bio (ou de la bio), le sujet de votre article ? Je me réjouis de l’arrivée « du bio » dans les grandes surfaces, car c’est grâce à cette massification (et aux médias) que le sujet s’est imposé. Ce n’est pas un aboutissement, car il faut aller plus loin : bio local, cahier des charges plus exigeant, transparence, niveau de rémunération des acteurs…. L’objectif étant tout de même de rendre le (ou la) bio « accessible » car il y a une réalité économique, côté consommateur, qu’on ne ne pas évacuer.

      Alors que la grande distribution semble évoluer (en tous cas chez Carrefour), il est temps également pour les lobbyistes du bio d’évoluer. Le bras de fer petits-producteurs vs. distributeurs peut devenir à l’avantage des producteurs, permettant ainsi une massification (car on a 67 millions de Français à nourrir) des bonnes pratiques (plus) respectueuses des gens (volet social/sociétal) et de la biodiversité (volet écologique).

      Ne soyons pas dupes ou crédules des intentions de la grande distrib, mais ne soyons pas non plus hermétiques et anti par principe.

    10. Ne cherchons pas de boucs émissaires… Ceux qui décident sont les consommateurs… Les solutoions existent pour les supermarchés, ils peuvent s’approvisionner en Bio-local (en vrac sans problème, en pré-emballé c’est moins sûr) mais le consommateurs de supermarché est-il réellement prêt à payer plus cher ces produits ? Consomme t’il BIO seulement pour lui, pour sa santé ou est-il capable de rajouter qq centimes pour payer un prix « durable » ??
      C’est à nous,CLIENTS DE SUPERMARCHéS de demander ces produits, de les faire référencer et de les acheter quand ils arrivent en rayon….

    11. Tout à fait d’accord avec Soleil Noir,
      Si l’on veut que la bio se développe il faut aller chercher les consommateurs là où ils sont, dans les grandes surfaces à plus de 80 % et les producteurs là où ils sont, dans l’agriculture conventionnelle (92 % des fermes françaises sont en conventionnel). Sans vouloir chercher à remplacer 100 % de l’agriculture conventionnelle par de l’AB, avec son développement et une prise de conscience (donc une demande) des consommateurs , la bio a néanmoins le pouvoir de tirer l’ensemble de l’agriculture vers le haut, du moins sur le plan environnemental et agronomique, et c’est à mon avis çà le plus important. Pour cela, il faut s’ouvrir (tout en restant ferme sur les principes de base de la bio) et ne pas être sectaire. Si on restreint la bio à 5 ou 10 % de personnes 100% bio et convaincus, son développement s’arrêtera là et nous aurons loupé le principal : fournir à l’ensemble de la population une alimentation saine, sans pesticide avec une production respectueuse de l’environnement. S’il faut pour cela qu’il y ait une bio à plusieurs vitesses avec une base qui est le cahier des charges européen (qui est tout à fait discutable mais qui a le mérite de poser les valeurs fondamentales de la production biologique à l’échelle européenne. ) et des labels (qui existent déjà : Nature et progrès, Biocohérence, Déméter) qui vont plus loin dans le développement d’une agriculture locale, socialement responsable, et bien ce n’est pas pour moi un problème. Il faut biensur rester vigilent pour limiter les risques de dérive et de main mise des agro-industries et de la grande distribution sur les filières bio. Mais c’est un risque qu’il faut prendre si l’on veut que tout le monde puisse avoir les moyens d’accéder à une alimentation qui ne mette pas la santé et l’environnement en danger. Cette évolution de notre système agricole prendra surement du temps, avec 3 pas en avant et 2 pas en arrière. Mais ce qui compte c’est le pas en avant qui a été fait.

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