Et si on se soignait… intégralement ?

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    Comment donner à chacun les moyens de prendre en main sa propre santé, en faisant appel au meilleur de la médecine conventionnelle, mais aussi des médecines traditionnelles ou des recherches alternatives les plus pointues ? C’est possible… et ça se passe en Suisse.

    À l’origine, les femmes prennent leur santé en main

    C’est le long des vignes surplombant le lac de Neuchâtel que le Centre Prévention Santé propose, depuis près de dix ans, dans un lieu écologique, une offre globale de soins, d’activités et de formations unique en Europe. Le projet est né dans le giron du Centre Femmes et Santé, un groupe de femmes désireuses de prendre leur santé en main au travers de groupes d’échanges, de discussions et d’auto-examens. Le centre, créé en 1982 près de Neuchâtel, fait appel deux ans plus tard aux compétences d’une médecin, Nathalie Calame, qui invite ensuite d’autres thérapeutes et professionnels de la santé à rejoindre l’aventure.

    Le Centre Prévention et Santé est créé en 1990 et s’ouvre à un public mixte. Il s’installera en 2004 à Colombier, dans un bâtiment dont la construction a été financée par la Fondation Prévention et Santé. Pour Nathalie Calame, « le Centre s’est créé chemin faisant, au fil des rencontres et des opportunités ». Exploratrice inlassable des formes anciennes ou nouvelles de médecine, elle a su, tout au long de cette aventure humaine, attirer dans l’orbite du centre toute une galaxie de praticiens dont la variété n’a d’égal que leur enthousiasme pour l’approche pluridisciplinaire et alternative qui y est proposée.

    Médecine conventionnelle, chinoise, quantique… : une co-existence féconde

    Les multiples soins proposés au Centre Prévention Santé ont en commun de se fonder sur une approche globale de l’être humain, dont les composantes physiques, psychiques et spirituelles sont considérées comme un tout intimement relié à son environnement. Les thérapies s’appuient sur des démarches et des traitements naturels, les médicaments conventionnels n’étant prescrits qu’en cas d’absolue nécessité.

    Si la médecine générale conventionnelle occupe une place certaine, elle coexiste avec d’autres pratiques, traditionnelles (acupuncture, phytothérapie, thérapies manuelles…) ou plus récentes. Selon Nathalie Calame, « le CPS garantit la variété de l’offre thérapeutique, explore les approches alternatives et reste particulièrement vigilant envers les maladies émergentes comme les pathologies environnementales ». C’est ainsi que de nouvelles thérapies telles que l’haptonomie (technique relationnelle fondée sur le toucher, de plus en plus pratiquée autour de la naissance), le décodage biologique (déchiffrage des conflits à l’origine des maladies, par exemple des cancers) ou la médecine quantique (médecine non-conventionnelle s’appuyant sur les principes de la physique quantique) ont rejoint très tôt le CPS. Le Centre est aussi à la pointe de la recherche sur l’effet sanitaire des métaux lourds présents dans l’environnement – pour la dentisterie (mercure dans les amalgames dentaires) par exemple.

    Une approche centrée sur le patient

    Comment se déroule l’accueil au Centre ? Le patient, qui a généralement entendu parler du Centre par le bouche à oreille, est orienté selon ses besoins et sa sensibilité vers un médecin ou un thérapeute, ou prend directement rendez-vous s’il en connaît déjà un. Après accord du patient, le dossier médical a la particularité d’être partagé et accessible aux autres praticiens pour permettre un suivi approfondi en cas de réorientation ou de consultations parallèles par plusieurs praticiens.

    Toutes les pathologies sont prises en charge au Centre, avec une prédominance des maladies chroniques difficilement soignées ou mal appréhendées par la médecine conventionnelle : fatigue chronique, mal-être inexpliqué, suites d’opération, de chimiothérapie ou d’accidents, maux de tête, vertiges, acouphènes, candidoses, etc.

    De l’avis des praticiens, les patients reçus au Centre ont un degré d’éducation et de sensibilité aux questions de santé plus important que la moyenne et se sentent pleinement responsables de leur bien-être : ils souhaitent s’impliquer activement dans leur guérison, mais aussi dans la prévention, et sont friands des activités et des formations proposées sous le même toit.

    Se soigner, cela s’apprend

    L’éducation et la formation sont la raison d’être du Centre Prévention Santé et représentent au moins la moitié de ses activités. « Notre objectif est de donner l’information pour que les patients puissent prendre leur santé en charge », souligne Nathalie Calame, qui désigne la bibliothèque de 5 000 livres en prêt gratuit pour les patients membres de l’association. Une autre documentation, réservée aux professionnels, regroupe quant à elle des ouvrages spécialisés parfois épuisés.

    Deux grandes salles accueillent les nombreuses activités de prévention et santé du Centre ainsi que de nombreuses formations et conférences données par des intervenants extérieurs reconnus dans leur domaine.

    L’automne 2012 verra le lancement de « La Mandorle », une école à destination des thérapeutes européens, qui comprendra un module de base (anatomie, physiologie, phytothérapie…) proche de la formation allemande de Heilpraktiker (praticien de santé) ainsi que des modules innovants, rarement abordés ailleurs.

    Un lieu auto-géré

    La gestion et le développement du CPS sont assurés par une association à but non lucratif, qui loue les locaux à la fondation propriétaire du bâtiment. Toutes les personnes investies dans le fonctionnement du Centre (praticiens, animateurs, secrétaires…) sont membres actifs, et les personnes intéressées (notamment les patients) peuvent être membres associés.

    Un comité de 5 à 6 bénévoles, réélu chaque année, prend les décisions opérationnelles pour l’association et en débat avec ses membres. Des sous-groupes prennent en charge des projets spécifiques : site web, création de l’école ou encore documentation.

    Cette « gouvernance partagée » laisse la place à une grande convivialité et de nombreux échanges : les thérapeutes mutualisent et partagent continuellement leurs expériences et leurs découvertes, notamment lors de réunions mensuelles d’« intervision », où sont discutés de manière approfondie les cas de certains patients.

    Pour Charlotte Perret, naturopathe, homéopathe et acupunctrice, co-fondatrice du centre, comme pour tous les intervenants, « le partage, le fait d’apprendre ensemble, les rencontres, font partie des grandes joies du travail au centre ». Encore étonnée qu’un tel lieu ait pu exister, elle considère que « c’est ensemble qu’on fait avancer l’idée de la médecine ».

    Des difficultés… et des projets

    Pourtant, le chemin n’a pas toujours été simple : le CPS a rencontré et rencontre encore parfois l’incompréhension voire l’hostilité du corps médical voisin, et ce malgré la présence de plusieurs médecins à son bord. Autre difficulté, plus récente : la différence de culture et d’engagement entre les praticiens faisant partie intégrante de l’association et ses salariés.

    En dépit de ces difficultés, l’établissement reste porteur d’une dynamique forte. L’objectif est d’accroître le rayonnement du CPS, que ce soit localement, où il n’est pas toujours connu ou compris, en Suisse, où quelques initiatives équivalentes commencent à voir le jour, mais aussi à l’international : le Centre Prévention Santé, notamment à travers le projet d’école de thérapeutes, se veut être à l’avant-garde des avancées et des réformes au niveau européen. Pour Claudine Merer, médecin acupunctrice française qui, après une riche carrière internationale et en l’absence à ce jour d’un tel lieu en France, exerce aujourd’hui au Centre Prévention, « on est ici au cœur de la médecine de demain ».

    Pour aller plus loin : www.cpsinfo.ch

    Texte et Photo : Thierry THOUVENOT

    4 Commentaires

    1. Bonjour. En effet il n’existe pas de lieu de ce type en France, en France où les praticiens de médecine traditionnelle chinoise (MTC) se batte pr exister, et faire ce qu’il est possible de faire pour les patients qui, de plus en plus nombreux, viennent vers nous. Faire avant que « l’intégration » en cours ne fasse disparaitre les richesses de cette différences dus soin, une différence qui, portant, non seulement possède ses possibles mais qui se relie à tant de cultures traditionnelles, à tant d’autres savoirs qui fondent ainsi le miroir d’autres voies à considérer et concevoir la santé !
      Depuis pratiquement 30 ans où je pratique la MTC en France je ne vois de véritables changements dans les attitudes des patients QUE depuis ces dernières années. Par contre, système médical occidental, lui, cherche toujours a dominer et éteindre cette autre voie de soins. Je crois fondamentalement que la COMPLEMENTARITE devrait être le crédo de tous ceux qui soignent car, si la maladie est une opportunité (pour le patient comme pour le soignant) alors il ne faut ni la gâcher, ni la détourner de son « sens » !
      Une longue route semble encore nécessaire à ces changement dans nos contrées, mais tout comme la culture Kogi qui, peu à peu, nous gagne et nous instruit, peut-être que par ici aussi, la raison et le bon sens réappris se proposeront à chacun comme une évidence ?
      Merci. Bonne continuation à vous toutes et tous.
      Bien cordialement
      Richard BANSARD

    2. Comme j’aimerais que ce genre de lieu de coopération et d’intégration voit le jour en France, reliant médecine conventionnelle et médecines traditionnelles dans un même objectif de prévention, de soins et de suivi réel des patients, acteurs de leur santé.
      Malheureusement, à mon installation (je suis naturopathe), c’est quasiment une fin de non recevoir (et au mieux de l’indifférence) que j’ai reçu des médecins des environs. Heureusement, les autres thérapeutes (ostéopathes, sophrologues, hypnothérapeutes…) sont bien plus ouverts et convaincus de l’intérêt d’une approche holistique de l’être humain : un réseau se met peu à peu en place, mais on est encore loin d’une structure à l’image de ce CPS. Bravo à vous, belle continuation !

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