Emmanuel Poilane : l’eau, source de toute vie

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    Interview d’Emmanuel Poilane, directeur de France Libertés – Fondation Danielle Mitterrand.

    Emmanuel Poilane

    Quelles sont les ambitions de la fondation créée par Danielle Mitterrand ?

    J’ai longtemps vécu en Afrique. En rentrant en Europe, j’ai été choqué par le regard qu’ici les citoyens portent sur l’eau. Nous avons oublié qu’elle est la source de toute vie. L’espérance de vie de la tribu des Hunzas dans l’Himalaya, liée aux propriétés exceptionnelles de leur eau, confirme le lien entre l’eau et le vivant. Nous la malmenons pourtant tellement… Et paradoxalement, nous voudrions qu’elle soit parfaitement pure, sans la moindre trace de bactérie, alors que 34 000 personnes meurent chaque jour dans le monde faute d’accès à l’eau potable. Tout le monde s’accorde à dire que c’est insupportable mais on fait bien peu pour endiguer cette tragédie humaine. Au sein de notre fondation, nous luttons pour que l’eau redevienne une priorité planétaire. Pour que l’eau potable soit partagée solidairement en quantité et qualité. Sans eau, c’est l’enfer. Nous devons garder cela à l’esprit.

    Peut-on réclamer la transparence des fournisseurs d’eau ?

    Nous pensons que la transparence sur les prix et la qualité de l’eau est le préalable à une restauration de la confiance des populations vis-à-vis de l’eau du réseau. Nous avons donc lancé, avec l’aide de 60 millions de consommateurs, deux enquêtes permettant à chaque citoyen d’être acteur. Grâce à plusieurs dizaines de milliers de collaborations, nous avons établi une cartographie du prix de l’eau en France. Nous entamons actuellement la seconde phase, qui aborde le thème de la qualité. Rendez-vous sur notre site Web.

    Comment monsieur et madame Tout-le-monde peuvent-ils agir concrètement ?

    Tout d’abord, en France il me semble primordial que chacun se réintéresse à l’eau qu’il consomme, comprenne d’où elle vient, quel est son cycle complet entre son état « brut » et le robinet. Plus nous nous y intéresserons, plus nous aurons envie de la préserver à travers nos gestes quotidiens. Et plus nos élus y seront sensibles. Afin d’apporter une aide très concrète, la loi de 2006 permet aux collectivités responsables des services de l’eau de prélever 1 % des redevances et d’affecter cet argent à des projets internationaux. Voilà déjà un espace de solidarité, une source d’action potentielle. Interrogeons nos élus. Mettent-ils en œuvre ce « 1 % solidaire » ? Autre démarche possible : nous avons créé avec d’autres associations le mouvement des « porteurs d’eau ». Tout citoyen peut devenir porteur d’eau, individuellement, à l’échelle de son association, de son village ou de son entreprise. Il suffit pour cela d’acheter des « feuilles d’eau » et de les remplir d’eau du robinet. Chacun pourra ainsi véhiculer le message des porteurs d’eau : « Bien commun de l’humanité, l’eau n’a pas de prix. » Une partie du prix de ces feuilles d’eau est directement attribuée à des actions concrètes. Une action utile et militante.

     

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