La coopérative alimentaire de la Goutte d’Or

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    Je ne manque pas de commerces dans mon quartier, mais j’avais envie de tenter l’aventure de l’épicerie co-gérée. Le principe : avoir accès à des produits de qualité à des prix raisonnables, rencontrer ceux qui, comme moi, veulent faire vivre une agriculture respectueuse, et pourquoi pas, aller à la rencontre des producteurs pour créer des collaborations.

    Y a-t-il un micro climat sur le 38 de la rue Myrha ?

    Au cœur de Paris, dans ce quartier coloré et bruyant, la petite boutique de la coopérative alimentaire est une sorte d’oasis. L’environnement est chaleureux, les sourires vous accueillent, les rires et les bavardages sont immédiatement contagieux. Ici on échange, on partage, on collabore et on rit. C’est viral.

    Groupe
    La coopérative alimentaire de la Goutte d’Or : 300 adhérents en deux mois et une vitalité prometteuse.

    Le principe de l’épicerie collaborative : prendre part à l’organisation du travail et aux choix de gestion et d’offre, selon ses disponibilités. Une seule obligation est fixée : assurer une permanence de trois heures à la boutique tous les trimestres pour étiqueter les produits, remplir les rayons, accueillir les arrivants. Mais voyons d’abord ce que l’épicerie propose.

    Une petite boutique aux rayons bien garnis

    Tout d’abord, quelques fruits et légumes, dont des épinards pour 0,46 euros les 100 grammes, des radis croquants pour 1,60 euros, des salades, carottes, pommes de terre… Tout est goûteux et frais, en direct de Cergy-Pontoise, fourni par un agriculteur des Yvelines.

    On y trouve aussi tous les produits de l’épicerie traditionnelle, et même s’ils sont encore en quantité limitée, chaque terrine de pâté, chaque confiture, chaque conserve de légume, farine, pâtes ou bière semble être choisie avec soin. Des marques que j’ai peu souvent eu l’occasion de trouver sur les rayons des épiceries parisiennes, fussent-elles bio.

    Mais qui sont les fournisseurs ? Comment sont-ils sélectionnés ? « Le goût avant tout ! » répond Christophe, l’un des fondateurs. « Ici, 80 % des produits sont bio et 100 % sont bons. On se fie au goût et on regarde comment les gens travaillent. »

    Pour en savoir plus, on peut se référer aux fiches-producteur concoctées par Thierry, qui renseignent sur la qualité et les pratiques de chaque fournisseur. La ferme qui fournit les pommes de terre et également les farines et graines, produit en bio depuis 1978 et « maintient la fertilité des sols par compostage et fumier de cheval. Les abeilles contribuent à la pollinisation des fruitiers. »

    L’éleveur qui fournit en viande de porc privilégie « le confort animal : plus d’espace, une durée d’allaitement plus grande, une alimentation bio, et une durée d’élevage plus longue ». Le résultat, une viande de grande qualité, goûteuse et fondante, pour 15 euros le kilogramme.

    Aujourd’hui, une quarantaine de producteurs alimentent la coopérative, mais ce n’est qu’un début. Coopaparis est appelée à grandir. À chacun des coopérateurs de proposer de nouveaux débouchés, et dans l’équipe de coopérateurs investis, chacun est soucieux de qualité.

    Comment et pourquoi une épicerie collaborative

    coopérative

    La boutique est toute jeune puisqu’elle a ouvert ses portes en janvier. Mais les contacts avec les producteurs se sont tissés depuis plusieurs années, à travers le réseau des AMAP dont Christophe était membre : « On a eu envie d’une offre large. L’AMAP du 18e fonctionnait bien, mais ce système est limité en diversité de produits. On voulait plus et on a imaginé l’épicerie collaborative. On s’est implantés dans le 18e, où le quartier de la Goutte d’Or est très actif. »

    Après trois années de gestation et de discussions, la boutique a ouvert dans son petit local. « En deux mois, on a eu plus de 300 adhérents. Un vrai succès. Maintenant, il faut que les gens s’impliquent et s’organisent : le projet leur appartient. » À chacun de faire vivre la boutique, selon son temps disponible, et de prendre part aux décisions. Tout ça s’organise notamment dans une réunion mensuelle où on est chaleureusement invité à participer à l’organisation des commandes, des réceptions de produits, des grilles de tenue de boutique, des horaires d’ouverture… On peut proposer de nouveaux approvisionnements, de nouveaux systèmes de communication entre tous les coopérateurs, on discute des prix, des marges. Bref de tout ce qui fait le fonctionnement d’une épicerie collaborative. Un des soucis du moment, impliquer les producteurs pour travailler par bassin de production. Le transport est inévitable car la région parisienne fournit peu en agriculture, ce transport est donc « le nerf de la guerre ». Les producteurs sont appelés à se regrouper pour livrer.

    L’épicerie coopérative, pour moi, c’est tout bon !

    Coopaparis est proche de chez moi, et les coopérateurs sont quasiment tous des habitants du quartier. Ce mois ci, j’ai consacré en tout 5 heures pour le fonctionnement de la boutique. J’ai fait la connaissance de mes voisins. J’ai fait mes courses 6 fois et j’ai découvert des produits d’excellente qualité. J’espère bientôt aller à la rencontre de ces producteurs qui ont à cœur de préserver la qualité de leurs produits et de l’environnement. Bref, une belle rencontre.

    Seul petit bémol : à l’exception de quelques produits comme le fromage (véritables délices de vache ou de brebis, tout droit venus de l’Aveyron et de la Lozère) qui sont entre 30 à 40 % moins chers qu’ailleurs, les prix sont presque équivalents à ceux des enseignes bio chez qui je m’approvisionne habituellement. L’huile d’olive grecque, le cidre, et l’excellent pain sont à des prix avantageux, mais pour le reste on est presque au même niveau. Je ne m’en plains pas, car ici on déniche de vraies perles de goût, des petits bijoux de saveur introuvables ailleurs et qui donnent envie de revenir.

     

    Infos pratiques

    Le pain est fabriqué par la boulangerie voisine avec la farine et levain naturel fournis par la coopérative.

    Horaires d’ouverture : mardi 18h-20h30, jeudi 18h-20h30, samedi 10h-13h15

    Adhésion : 15 euros à l’année

    Principe : prendre part à l’organisation et aux choix, selon ses disponibilités

    Obligations : Une permanence de trois heures à la boutique tous les trimestres (étiquetage, remplissage des rayons, accueil des arrivants, caisse, etc.), assuré par trois personnes

    http://coopaparis.wordpress.com/

     

    Par Dominique Firbal

     

    8 Commentaires

    1. C’est fort intéressant convivial… Mais manque de diversité je ne vois aucune tête africaine ou asiatique…Sachant que la goutte d’or est le lieu de prédilection de la diversité. Ayant travaillé et habité le coin dans les années 80. Néanmoins bonne continuation

    2. C`est géniale comme idée de se mettre ensemble et de faire ce que vous avez fait en pleine ville de Paris.

      C`est un bon exemple pour lutter contre…..

    3. Y’aurait du boulot pour les sociologues ici… comment en pleine goutte d’or émerge une coopérative, au vu de la photo, 100% pas mixte ?

    4. Même commentaire que Kahddoum.

      On a envie d’y croire…mais ça ressemble un peu à entre-soi de bobos gentrifieurs parachutés dans un quartier populaire !

      quelqu’un peut-il nous éclairer sur les liens de l’initiative avec les habitants historiques du quartier ?

    5. Ceux/celles qui critiquent le « manque de mixité » ont dû mal regarder la photo… (pour mieux voir : clic-droit sur la photo, « afficher l’image », clic sur la loupe). Certes, il ne s’agit (apparemment) « que » de 3 ou 4 personnes, mais il faut aussi compter sur la « timidité » des autres habitant-e-s du quartier, qui hésitent bien souvent à participer à des initiatives dont ils ne sont pas les initiateurs. Par ailleurs, dites-moi à quoi on voit la différence entre un « Français » et d’autres personnes… 😉

    6. Celles et ceux qui passent leur temps à nous parler de mixité mais qui ne font pas grand chose (mais je ne parle pas de ceux qui interviennent dans les commentaires ci-dessus et qui bien évidemment font plein de choses) sont un peu fatigants !… La mixité, ça ne se « travaille » pas avec des mots et des jugements mais avec des actions sur le terrain où l’on vit… Et c’est un sacré boulot de nos jours avec une pensée libérale socialement dominante.
      Je suis dans une AMAP de 250 familles à St-Denis et nous avons ouvert 2 coopératives alimentaires autogérées sur le modèle de Coopaparis… Nous plafonnons à 500 familles dans une ville de plus de 100.000 habitants…
      Y’a encore du boulot à faire plutôt que de critiquer !
      Amicalement à tout le monde.

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