Comment rester en lien avec la nature, à la maison, au travail, en ville ou à la campagne ? Pris par notre rythme quotidien et des pensées qui encombrent l’esprit, nous oublions parfois d’observer et de savourer avec attention ce qui nous entoure. Voici quelques pistes pour maintenir en conscience nos affinités avec le vivant.
Se nourrir en conscience
Si l’air que nous respirons est indispensable à la vie, l’alimentation est notre premier contact physique avec la terre. Savourer une tomate, siroter un jus de fruit frais, humer les parfums des épices, déguster un plat mijoté avec amour… Tous ces gestes simples nous rappellent chaque jour notre lien intime et vital avec la nature. « Je suis une mangeuse éveillée », écrit la naturopathe Ariane Roques dans son livre-jeu Se nourrir en conscience (1). En éveillant nos sens, l’autrice nous invite à jouer, ressentir et méditer autour des saveurs. Observer, sentir, toucher, mâcher, respirer profondément : prendre conscience de chaque étape est essentiel. Manger en silence ou les yeux bandés sont autant d’exercices ludiques qui aident à renouer avec les joies de la table. Car nourrir son corps, c’est aussi nourrir son esprit. Dans certaines cultures animistes, on parle même de « manger chamaniquement » lorsqu’il s’agit de manger « l’esprit des aliments », explique Paul Degryse, formateur en chamanisme. Source d’énergie et de santé, une alimentation saine est aussi un bel hommage rendu à notre terre nourricière !
L’eau, source de vie
Elle est à l’origine de l’apparition de la vie sur Terre. Elle fait circuler les éléments – oxygène, nutriments… – au coeur du monde minéral, végétal, animal et humain. Elle régule la température de la planète et celle des corps. Elle constitue le corps humain à 65 % – correspondant à 45 litres en moyenne pour un adulte. Quel génie ! Essentielle dans l’alimentation, l’eau est aussi une ressource indispensable pour se laver. À son contact, depuis la nuit des temps, les civilisations ont élaboré des pratiques de purification du corps : bain, douche, hammam, sauna et autres rites… L’eau et ses vapeurs ont de multiples vertus. Prendre conscience qu’au quotidien l’eau nous apporte détente, hygiène, beauté et santé, c’est aussi renouer avec son pouvoir.
Bain végétal
C’est désormais prouvé par la science : les plantes communiquent entre elles (2). De l’arbre majestueux à la fleur délicate, le monde végétal a une forme d’intelligence qui nous interpelle de plus en plus. En ville comme dans les campagnes, les plantes sont des alliées dont le contact sensible est à cultiver au quotidien. Dans un paysage naturel, un parc ou un simple jardin, observer les détails d’une feuille de chêne, d’une marguerite, d’une écorce, humer les parfums, caresser une tige, réveille les sens et apaise le mental. Parce qu’elles sont source d’oxygène et purifient l’air pollué dans les espaces fermés, le Dr Qing Li (3), immunologiste japonais, conseille de « faire entrer la forêt chez soi », en remplissant nos lieux d’habitation et de travail avec le plus de plantes possible. Exception faite des chambres à coucher où il faut privilégier les plantes qui rejettent de l’oxygène la nuit, comme les orchidées et les plantes grasses. Au travail, le chercheur rappelle que des études ont montré les bienfaits des « micros pauses nature » contre la fatigue mentale (4).
Merveilleuse vie animale
Dans Plaidoyer pour les animaux, Matthieu Ricard invite à étendre notre bienveillance à l’ensemble des êtres sensibles. On peut ainsi s’émerveiller en regardant la totalité des formes de vie animale comme des entités ayant toute leur place dans la sphère du vivant. Avec un regard neuf et plus conscient, la cohabitation – sans nuisances réciproques – devient souvent possible avec nos amies les bêtes, du plus petit insecte au plus gros mammifère. Dans les espaces naturels, l’observation des animaux sauvages est accessible à tous si l’on change d’échelle : contempler une araignée qui tisse sa toile ou une petite colonie de fourmis a autant de sens qu’admirer le vol d’un rapace ou la course d’un chevreuil. Dans les espaces domestiques, le contact avec des animaux de compagnie, tels le chat et le chien, nous invite à renouer avec la sensibilité et l’intelligence animales. Écouter avec attention le ronronnement d’un chat ou caresser un chiot dans ses bras aideraient ainsi à diminuer le stress 6. Une tendresse inspirante à méditer…
De la terre au ciel
Comme le Yin et le Yang, la terre s’admire avec son complément : le ciel. Il suffit de lever la tête pour se rendre compte que la nature est toujours là, même dans la jungle de béton urbaine. De jour comme de nuit, le ciel, les nuages, la pluie, le vent, le soleil, la lune ou les étoiles nous invitent à savourer les mille et une beautés de la nature, à commencer par celle, toute particulière, de notre chère planète Terre.
(1) Ariane Roques, Se nourrir en conscience, Le Souffle d’Or, 2016.
(2) Francis Hallé, Plaidoyer pour l’arbre, Actes Sud, 2005.
(3) Dr Qing Li, Shinrin Yoku. L’art et la science du bain de forêt,
First Éditions, 2018.
(4) Kate E. Lee et al., « 40-second green roof views sustain attention: The role of micro-breaks in attention restoration », Journal of Environmental Psychology, vol. 42, 2015.
(5) Matthieu Ricard, Plaidoyer pour les animaux, Allary Éditions, 2014.
(6) Adnan I. Qureshi et al., « Cat ownership and the Risk of Fatal Cardiovascular Diseases. Results from the Second National Health and Nutrition Examination Study Mortality Follow-up Study », Journal of Vascular and Interventional Neurology, vol. 2 (1), 2009.
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