Tampons et serviettes périodiques « classiques » sont au cœur de la tourmente. Les produits chimiques potentiellement toxiques qui les composent [i] et la quantité de déchets non biodégradables produite poussent de plus en plus de femmes à se tourner vers des protections écologiques alternatives : lavables, réutilisables, et moins onéreuses à l’usage. Reste à trouver celle qui convient le mieux.
Plusieurs options de protections écologiques existent. En voici quelques exemples :
La coupe menstruelle (cup) est un réceptacle souple (en silicone, latex ou en élastomères thermoplastiques) qu’on insère dans le vagin. Elle est pliée avant la pose et se déploie avec un effet ventouse pour recueillir le sang. Elle peut rester en place quatre à six heures. Il faut quelques essais pour trouver la position adéquate. Elle peut être portée pour pratiquer un sport, y compris dans l’eau. Avant la première utilisation et entre chaque cycle, la coupe peut être stérilisée sept minutes dans l’eau bouillante et conservée dans une pochette de tissu propre. Vendue entre 15 et 35 euros, elle peut s’utiliser une dizaine d’années. Si on la compare à des protections jetables, son prix est amorti en une année.
Les serviettes lavables peuvent être achetées ou faites maison (de nombreux blogs proposent des tutoriels). Privilégier les labels GOTS ou Oeko-Tex 100 permet d’éviter les produits chimiques. Elles s’utilisent comme leurs homologues jetables, sont conservées dans une pochette imperméable pendant la journée, puis rincées à l’eau froide et lavées en machine avec le reste du linge. Leur prix est très variable d’une marque à l’autre (5 à 12 euros pièce) et il faut prévoir un stock de départ d’environ sept serviettes et une pochette imperméable pour les stocker avant de les laver.
Les éponges naturelles sont utilisées à l’intérieur du vagin. Elles retiennent le sang, sont rincées toutes les quatre à six heures, lavées avec du savon, puis remises en place. Elles s’utilisent comme un tampon lavable [lire ci-dessous]. Il est possible d’en utiliser deux pour augmenter l’absorption. Les éponges sont compatibles avec une relation sexuelle et sont dénuées de produits chimiques. Elles n’ont pas de ficelle, il faut donc accepter l’idée d’aller les récupérer « avec les doigts ». Elles ont une durée de vie d’une dizaine de cycles et sont à sécher à l’air après un lavage méticuleux entre chaque cycle. Elles présentent toutefois un bémol écologique : ce sont des ressources marines.
Les culottes menstruelles utilisent des matières très absorbantes qui leur permettent de se faire facilement oublier. Les sensations sont particulièrement agréables. Elles peuvent être un peu justes en absorption pour tenir une journée en cas de flux abondant (l’équivalent de deux tampons pour les plus absorbantes), mais sont parfaitement adaptées pour les flux légers et moyens. Elles se lavent en machine après rinçage à l’eau froide et sont vendues entre 30 et 50 euros pièce (ce qui peut constituer un frein).
Les tampons lavables, en crochet ou en coton, sont proposés par des couturières (des tutoriels sont aussi disponibles sur Internet). Celles-ci proposent aussi des tampons interlabiaux qui se positionnent entre les lèvres (à l’extérieur du vagin) et sont utilisables pour les jours de flu léger ou en complément d’une serviette lavable pour les périodes de flux plus intense.
Le flux libre instinctif, kézako ?
Si l’on souhaite aller plus loin vers la conscience de soi et l’écologie, l’apprentissage du flux libre instinctif (FLI), aussi appelé continence des règles, permet de se passer de protections écologiques en déversant le sang, quand cela est nécessaire, directement dans les toilettes. Le FLI nécessite d’être à l’écoute de son corps, de ses ressentis et de bien comprendre le fonctionnement des règles. Le flux n’est pas permanent, il se caractérise par des « vagues » de sang issues du col de l’utérus. Cette « vague » peut être ressentie, il est alors possible de retenir le flux un moment dans le vagin par la contraction du périnée. La rétention vaginale ne peut pas être longue : juste le temps de se rendre aux toilettes. Pour pratiquer le FLI, le périnée doit donc être assez tonique.
La plupart des femmes ignorent que cette continence est possible. Le FLI est avant tout une question d’attention portée aux signes du corps annonçant une « vague de sang » et d’intention de retenir (un temps limité) le sang qui s’écoule jusqu’à pouvoir le libérer dans un endroit approprié. La pratique de l’œuf intime, ou œuf de Yoni [lire page 30], peut aiguiser la conscience des différentes couches périnéales autour du vagin.
Le FLI a de nombreux avantages : c’est une technique économique, écologique et confortable (il n’y a ni odeur ni macération). Elle demande parfois plusieurs mois pour être correctement maîtrisée et nécessite de pouvoir se rendre régulièrement et rapidement aux toilettes (donc incompatible avec certaines situations ou certains métiers).
[i] Les fabricants ne sont pas tenus de transmettre la liste des composants.
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