Sport féminin : Mélissa Plaza, droite au but

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    Mélissa Plaza, 30 ans, a été footballeuse professionnelle. En même temps, elle a rédigé une thèse en psychologie sociale sur les stéréotypes sexués dans le sport. Elle est convaincue qu’en travaillant, toute personne peut s’améliorer et prendre la liberté d’occuper tout le terrain qu’elle souhaite.

    Mélissa Plaza © Olivier Baron

     

    « J’ai toujours pensé devenir à la fois footballeuse professionnelle et universitaire. Je ne voulais pas choisir, mais voir grand, sans me fixer de limites. » Brune, énergique, Mélissa Plaza admet volontiers qu’elle est une bosseuse, une battante. À 20 ans, elle signe son premier contrat professionnel au club de Montpellier. Elle enchaîne entraînements, matchs, petit boulot et cursus Staps (Sciences et techniques des activités physiques et sportives) à l’université.

     

    En 2009, la sportive porte pour la première fois le maillot de l’équipe de France. En 2011, elle est sélectionnée pour une Coupe du monde en Allemagne. Un soir où son coach lui refuse une dispense d’entraînement, elle se casse le genou. Elle rebondit en se fixant un nouveau challenge : obtenir une bourse pour écrire une thèse sur les stéréotypes sexués dans le sport. « J’ai étudié les liens entre les stéréotypes et les comportements sportifs d’engagement et d’abandon. J’ai compris l’importance de repenser l’éducation de nos filles et de nos garçons pour qu’elle ne soit plus sexuée. De cesser de faire du sport un domaine encore réservé aux garçons. Ainsi, on offre aux enfants les mêmes chances de s’épanouir et d’occuper la totalité du terrain, sans cadre qui enferme », explique la jeune femme, aujourd’hui formatrice en management et égalité femme-homme, dans le cabinet Accofor.

     

    Le sport, pour se libérer et progresser

    Son travail de recherche fait remarquer à Mélissa Plaza que les stéréotypes poussent les femmes à sous-performer, persuadées qu’elles ne sont pas capables. « Moi, j’ai pris confiance en moi grâce au foot. Dès gamine, cela a été mon espace de liberté et le lieu de toutes les émotions : la joie de progresser grâce aux efforts, le bonheur d’atteindre des objectifs ensemble. » Avec le sport, les femmes habitent davantage leur corps, gagnent un accès à la santé, apprennent à ne pas craindre de tomber et de se relever. Dans les formations qu’elle dispense aujourd’hui, Mélissa amène justement les entreprises à changer de regard sur les capacités des femmes : « Si on leur donne l’occasion de s’exprimer et de se dépasser, les femmes y arrivent. En osant essayer, en travaillant, on peut tous s’améliorer et devenir ce qu’on veut profondément être. » La jeune femme le sait d’expérience : ce n’est ni sa famille démissionnaire ni son placement en famille d’accueil, à 13 ans, qui l’ont stoppée dans son élan.

     

    En 2013, en pleine thèse et après six mois de convalescence, la doctorante est appelée par l’Olympique lyonnais, où elle découvre le foot de haut niveau. Elle a 26 ans.

     

    Parler pour un monde plus juste

    En 2015, Mélissa Plaza part jouer à Guingamp. Elle encaisse une série de blessures jusqu’à ce qu’on lui annonce qu’elle n’a plus de cartilage au genou droit ni de ligament croisé à gauche. Elle réussit à faire reconnaître son cas comme un accident du travail. « Cela ne me rendra pas ma santé, mais cela aidera les suivantes. » Elle n’hésite ni à s’indigner ni à parler haut et fort pour défendre ses droits, parce qu’elle « aspire à un monde juste où chacun a sa chance ».

     

    La sportive ne peut plus jouer au football. Alors elle court. « Avec le recul, je me rends compte que je n’ai pas écouté mon corps, qui saturait et me le disait, par des insomnies et des malaises. Mais dans le haut niveau, on a tendance à repousser notre seuil de tolérance à la douleur, sans arrêt. » Elle y songe lorsqu’elle entraîne l’équipe féminine de Saint-Malo. « J’apprends aux filles à se préserver, à se responsabiliser au maximum et à être actrices de leur réussite, sans se laisser dicter ce qui est bon pour elles. » Mais elle ne laisse aucune joueuse se cacher sur le terrain ou se défiler devant un penalty à tirer : « Les femmes ont tout à gagner à prendre leur place et à agir. »

     

    Portrait par Audrey Guiller

     


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