Tout s’accélère : les écoliers appellent à ralentir

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    Réalisé par Gilles Vernet, Tout s’accélère est une véritable réflexion sur le temps. A travers les yeux d’écoliers de CM2 et appuyé par l’avis de physiciens, de psychologues et d’écologistes, le documentaire décrypte le rythme frénétique de notre monde et appelle au ralentissement.

    Des élèves d'une classe de CM2 remettent en question notre rapport au temps © Kamea Meah Films
    Des élèves d’une classe de CM2 remettent en question notre rapport au temps. © Kamea Meah Films

    Gilles Vernet est un ancien trader. L’accélération du monde, il la vivait au quotidien car à Wall Street, chaque seconde compte. Optimisation, efficacité, rapidité, rentabilité… cette spirale infernale s’est arrêtée le jour où Gilles Vernet a appris que sa mère était mourante. Deux ans, c’était le temps qu’il lui restait à vivre. Deux ans, c’est aussi « ce temps » qui a produit le déclic chez le réalisateur. « Le choc m’a fait passer à l’acte » confit-il.

    Gilles Vernet abandonne le monde de la finance. Devenu instituteur, il interroge ses élèves sur la cadence démesurée de notre société. Pourquoi travailler si vite ? Le monde ralentira-t-il un jour ? Ces interrogations forment le point de départ d’une enquête menée avec sa classe de CM2.

    « Mes élèves ont tout déclenché. Leur rapport au temps est différent. N’ayant pas participé à construire ce monde, ils sont plus libres » avoue l’ancien trader. Ebloui par leurs réflexions, il décide de les filmer. Ce voyage philosophique débute dans une salle de classe du 19e arrondissement de Paris.

    Rythme insoutenable et désynchronisation avec la nature : reflet d’un monde effréné

    L’idée du film ? Comprendre la pénurie de temps dont nous souffrons. Pris au piège de la vitesse, l’objectif est de remplir son agenda. D’un côté, notre temps libre augmente. De l’autre, les activités se multiplient. Et finalement, le temps nous fait défaut et ce, malgré les avancées technologiques.

    Tout s’accélère plonge le spectateur dans cette course à la montre. De Paris à Dubaï, le film révèle la frénésie des villes. Sommes-nous devenus des esclaves du temps ?  Les écoliers, en quête de réponses, s’essayent à une expérience dans les rues parisiennes. Petite tortue à tirer dans la main droite, chronomètre dans la gauche, ils interpellent les passants qui vont « trop vite » et les obligent à ralentir en leur demandant de tirer sur quelques mètres le jouet. En se retrouvant face aux Parisiens pressés, le ton est donné.

    Nicole Aubert, psychologue, Etienne Klein, physicien et Nicolas Hulot, écologiste se mêlent à leurs réflexions. Rythme de travail insoutenable, désynchronisation avec la nature, insatisfaction perpétuelle et sentiment d’envie stimulé par la société de consommation, les spécialistes dessinent le portrait d’un monde vertigineux.

    La solution est simple : ralentir pour mieux vivre. L’accélération à long terme mène dans une impasse, la nature a ses propres rythmes et nous ne pouvons en rien les modifier. « Le problème n’est pas de couper des arbres dans la forêt amazonienne, c’est que nous les coupons trop vite pour qu’ils se reproduisent » explique Hartmut Rosa, sociologue et auteur du livre Accélération.

    Un véritable appel à la décélération

    « Quand on aura plus de ressources, ce sera la fin de la course » chantent les élèves, quand Gilles Vernet, leur maître, leur propose d’écrire une chanson sur l’accélération du temps. Selon eux : « Tout va trop vite et nous passons à côté de beaucoup de choses ».

    Voyant leurs parents vivre au galop, les enfants souffrent. Leur message est clair. Derrière ce sentiment, ils appellent à une véritable décélération. De l’école au musée des Arts et métiers, les élèves mettent en lumière la pression au travail, la compétition et le stress. Exposant l’absurdité du monde, leur incompréhension face à la société de consommation est totale. Pourquoi acheter plus sans jamais s’en satisfaire ? Sommes-nous tous des accros à l’argent ?

    D’un côté, la précipitation croissante, le burnout. Et de l’autre, les paroles qu’une nouvelle génération porte sur le monde. « Par plus de courage peut être, les jeunes sont dans le changement. On sent un éveil des consciences réel. Ils sont la rampe de lancement qui mène à l’action. Il faudra l’allumette, cet événement collectif, qui tend à l’action » assure Gilles Vernet.

    Tout s’accélère, un titre fort et des mains qui se lèvent pour exposer l’absurdité du monde. Ce documentaire décortique le temps et vous emmène sur le chemin de la décélération. Il éveille les consciences et amène à une remise en question qui trouble et interpelle. La vérité sort des murs de cette classe avec un message d’espoir : agir et cesser de se lamenter.

    Jessica Robineau

    © Kaizen, construire un autre monde… pas à pas

     

     


      Tout s’accélère, un film de Gilles Vernet. En salle le 20 avril 2016.


    Lire aussi : Laissons-nous le temps de ne rien faire 

    Lire aussi : Tout va vite ! Et si on ralentissait ?


    5 Commentaires

    1. Un documentaire qui fait echo à ce film et que je recommande fortement
      « l’urgence de ralentir »
      en streaming ici
      https://vimeo.com/105235701
      en vod arte ici
      http://boutique.arte.tv/f9864-urgence_ralentir

      Course suicidaire et inconsciente », selon Edgar Morin, l’accélération financière et technologique, déconnectée du rythme de l’homme, mène notre système à l’épuisement et vers des catastrophes tout à la fois écologiques, économiques et sociales. Mais alors que des algorithmes accentuent de manière exponentielle la spéculation financière hors de tout contrôle, aux quatre coins de la planète des citoyens refusent de se soumettre au diktat de l’urgence et de l’immédiateté, pour redonner sens au temps. En Europe, aux États-Unis, en Amérique Latine ou encore en Inde, Philippe Borrel (Un monde sans humains ?) est allé à la découverte de ces initiatives, individuelles et collectives, qui proposent des alternatives basées sur d’autres paradigmes.
      Reprendre le contrôle
      Au Rajasthan, le Barefoot College fondé par Bunker Roy recrute des femmes de milieux ruraux pour les former à l’ingénierie solaire ; les villes de Romans-sur-Isère et de Bristol ont mis en place une monnaie locale pour résister à la toute-puissance des banques ; à Ithaca, au nord de New York, des coopératives font leur preuve pour relocaliser l’économie… À rebours du « train fou » du modèle dominant, ces alternatives citoyennes, qui rejoignent les analyses de philosophes, sociologues, économistes et scientifiques, pourraient bien être les pionnières du monde de demain. Autant de gestes qui remettent l’homme au cœur du système.

    2. Il ne se passera pas grand-chose pour trois raisons :
      1°) Le chômage. La très grande majorité des gens sont des salariés. Ils demandent des emplois. Ils ne veulent pas que l’économie ralentisse,
      2°) Le système financier. Il vit et prospère avec la multiplication des objets de consommation et l’augmentation constante des prix, Sinon, il meurt.
      3°) Dans le système économique et financier actuel, aucun gouvernement, aucune autorité ne peut choisir le ralentissement. Parce que pour fonctionner le système a besoin d’une augmentation continuelle de la consommation, au besoin grâce au gaspillage.
      Ceux qui veulent un changement doivent s’isoler, établir des cloisons étanches avec le monde actuel, construire un autre monde. Mais en sachant que l’ère du confort et de l’Etat providence, c’est FINI.

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