Vous avez dit « vivre-ensemble » ?

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    Comment rester positif ?

    Comment croire encore en notre capacité à vivre… ensemble, sereinement ?

    Financière, environnementale, plus récemment sanitaire, et enfin identitaire, les crises se multiplient.

    Qu’un jeune homme de 18 ans puisse assassiner de sang-froid un prof d’histoire est le symbole extrême d’une société qui dysfonctionne.

    Nous ne ferons pas ici l’analyse de cet acte monstrueux, nos confrères ont déjà écrit de nombreux articles.

    Mais cette barbarie nous invite encore et toujours à chercher des solutions pour cohabiter,  tisser du lien — le fameux « vivre-ensemble » –, là où certains arborent de la haine, au premier désaccord venu.

    J’entends déjà les arguments soulignant qu’on ne peut pas vivre avec les plus obtus.

    Peut-être, mais qu’on le veuille ou non, nous n’avons qu’une planète, et sur notre chemin se trouveront inévitablement des individus qui ne partagent pas nos convictions, nos valeurs, notre vision. Non seulement nous n’avons qu’une planète, mais les conditions d’habitabilité de celle-ci vont sacrément se dégrader. Et la cohabitation va devenir de plus en plus difficile.

    Entre la migration de millions de personnes contraints de quitter des pays du sud et des zones de conflits, les pauvres – de plus en plus nombreux – des pays « riches », ceux, parmi nous, qui estimeront avoir fait le nécessaire pour « éviter le mur », les « un peu » résilients, les addicts à la consommation, comment pourrons-nous « vivre ensemble » ?

    Dans ce monde où tout va vite, où le simplisme tend à remplacer la complexité, le nombrilisme à remplacer le systémique , bref dans la précipitation, dans cette course névrotique, nous revient cette question essentielle : comment fait-on pour « vivre ensemble » ?

    Suivant ce en quoi l’on croit ou ne croit pas, on en jugera différemment, à travers les prismes des religions ou ceux de la laïcité, de la République. Mais ces visions seront forcément déformantes. Et le problème est plus global.

    Notre société souffre d’une fracture à ciel ouvert.

    Tout est source de conflit : les pro-Raoult, les anti-Raoult, les acheteurs de SUV, les dégonfleurs de SUV, les pro-néonicotinoïdes, les pro-abeilles, les fans d’Allah, les laïcards, les croissants, les décroissants, les pains au chocolat, les chocolatines…

    Le JE a tué le NOUS !

    Chacun revendique sa part.

    On assiste à un repli identitaire, partout, au nom de tout, comme s’il n’y avait plus de cause commune, d’horizon où aller ensemble. L’intolérance nous rend  aveugle. Nous sommes face au défi le plus grand pour l’humanité : maintenir l’élévation de la température terrestre en dessous de 2 degrés pour justement maintenir notre présence collective sur terre.

    Mais pour une simple différence de point de vue, on coupe des cheveux en quatre pendant des heures. Et pour de simples dessins, on massacre et on en vient à couper des têtes !  La défiance a détruit le dialogue.

    Alors que faire ?

    Je n’ai pas de solutions miracles !

    Nous, Kaizen, continuons d’œuvrer modestement, car nous croyons en… l’être humain !

    En publiant, par exemple, dans notre numéro de novembre décembre un dossier sur le jeu et ses vertus. Sujet hors-jeu ? Il était programmé depuis plusieurs mois, il nous semblait approprié à l’approche des fêtes de fin d’année, et nous l’avons maintenu. Finalement, n’est ce pas  une de nos dernières opportunité ?

    La semaine dernière, l’équipe salariée permanente et une partie de nos pigistes – journalistes, photographes, illustrateurs… sans qui ce magazine n’existerait pas –, avons pris le temps d’une après-midi pour… jouer. Le résultat est sans appel : voilà qui (re)crée du lien !

    Bien sûr, la partie est bien plus complexe en ces temps de crise plurielle. Je ne suis pas naïf ! Mais quels autres outils avons-nous ?

    Samuel Paty, de l’avis de ses élèves, était « drôle et gentil ». « Il créait toujours des moments de débat, ne les orientant jamais vers un quelconque parti » et, de fait, « Monsieur Paty, il donnait envie d’apprendre. »

    Jouer pour apprendre. N’est-ce pas le dernier joker qu’il nous reste ?

    twitter:  @Pgreboval1

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